La Tresse

Résumé :

La Tresse est l’adaptation du livre du même nom écrit par Lætitia Colombani qui réalisera et coscénarisera (avec Sarah Kaminsky) également le film. L’idée d’origine de l’histoire vient de Colombani qui a accompagné une proche dans un magasin de perruque, car elle entamait une chimiothérapie. Elle avait déjà l’idée d’une première histoire depuis un moment déjà, mais il lui manquait d’autres éléments pour compléter son récit. Sa passion pour l’Inde la poussera à se documenter sur la caste des Intouchables, des millions de personnes mise à l’écart de la société. Colombani ne connaît pas d’autre ségrégation institutionnalisée à si grande échelle ailleurs dans le monde.

Une fois son livre paru, elle sera surprise par un tel accueil et ne s’attendait pas à ce que des producteurs lui proposent de l’adapter. Ce seront Olivier Delbosc et Marc Missonnier les producteurs du film et ils auront réussi à réunir son financement en pleine pandémie covid-19. Colombani voulait absolument tourner dans les trois langues et dans les trois pays du livre. De ce fait, elle fera appel à un directeur de casting de chaque pays et grâce à eux, elle a pu trouver Mia Maelzer, Sajda Pathan, Fotinì Peluson, Avi Nash et Kim Raver. Pour le rôle de Smita, la réalisatrice, ne voulait pas une actrice de Bollywood et se tourna vers Maelzer qui vient du théâtre. Pour le rôle de sa fille, Colombani voulait une Intouchable et le directeur de casting indien se rendra dans un foyer d’accueil et trouvera une fillette de neuf ans, Pathan.

Pour le rôle de Giula, Colombani tomba sur le charme de Peluson qu’elle décrit comme divine, avec une beauté qui s’ignore, une sensualité qui n’est pas fabriquée et qui plaît sans le savoir. Pour Kamal, les recherches d’un comédien d’origine indienne en Italie n'ont rien donné et de ce fait, ils se sont tourné vers Nash, un comédien passé par les séries The Walking Dead et Silo. Enfin, pour Sarah, le profil de Kim Raver lui sera proposé et elle imaginait le personnage exactement de cette manière, blonde, élancée, avec un physique fin, mais avec beaucoup de force.

Le tournage sera souvent reporté avec la pandémie covid-19. Il durera six mois en Inde, au Canada et en Italie. Après avoir passé deux mois en Inde, ils se sont envolés vers le Canada avec 35 degrés d’écart, un fonctionnement à l’américaine, d’autres techniciens et comédiens. Rebelote ensuite dans le sud de l’Italie, avec des gymnastiques de langues afin de pouvoir communiquer avec les techniciens, cette fois-ci italien.

Le film sera moyennement reçu par la presse qui lui a accordé une moyenne de 2,4 sur 5 pour 14 critiques sur AlloCiné. La plupart reprochent une histoire soit prévisible, soit tiré par les cheveux. D’autres salueront le côté émouvant du film. Avec un budget estimé de 8,1 millions d’euros, La Tresse cumulera 306 milles entrées en France.

Mon avis :

Habituellement, La Tresse n’est pas le genre de film que je vais voir en salle, mais comme je suis toujours partant pour aller au cinéma et que l’on me la proposait, je n’ai pas vraiment hésité. Alors que vaut ce film ? Est-ce une bonne surprise ? Je l’ai bien aimé, mais je ne dirais pas que c’était une bonne surprise. Nous sommes face à un bon film choral qui voit l’histoire de trois personnages féminins, qui, d’une manière ou d’une autre, vont être liés. L’une des raisons qui contribue à faire de ce film un bon film choral réside dans la répartition équitable du temps d’écran entre les trois personnages et dans le déroulement naturel de leur histoire. Justement, grâce à cet enchaînement d’histoire bien maîtrisé, le film se regarde facilement malgré son rythme relativement lent. Les trois récits sont intéressants, mais j’admets avoir une préférence pour celui de l’Inde et de l’Italie que je trouve beaucoup plus passionnant dans ce qu’ils racontent et leur côté indéniablement dépaysant. L’un des reproches que l’on pourrait faire, c’est sa fin qui reste prévisible au fil du long-métrage (pour quatre personnes sur cinq, je dirais), mais cela ne gâche pas pour autant son visionnage. On pourrait aussi la trouver un poil pathos dans son idée finale, mais j’ai trouvé ça plutôt beau de mon côté. Une ombre au tableau pour moi, c’est la troisième histoire (aux États-Unis) que je trouve nettement moins passionnante. Malgré le talent indéniable des protagonistes féminins, je trouve l’histoire assez classique en comparaison des deux premières. Elle est aussi moins dépaysante, avec ses décors et ses costumes, que je qualifierais de plus classique et froid.

Le gros point fort du film vient de ses actrices. Elles sont très fortes et comme le répète fréquemment la promo (et ce n’est pas à tort), elles sont souvent bouleversantes. C’est simple, je ne vois absolument rien qu’on pourrait leur reprocher dans leur jeu, elles sont parfaites. Nous avons pas mal de scène intense, principalement avec les dialogues qui sont, je trouve, vraiment réussi et les sujets abordés sont très intéressants. Parmi ce trio incroyable, il y en a deux qui restent, pour moi, plus marquantes, l’Indienne (Smita) et l’Italienne (Giulia). Si je devais retenir une actrice qui m’a particulièrement marqué, ce serait Fotinì Peluso. J'ai sincèrement eu un coup de cœur pour son interprétation. Je ne la connaissais absolument pas et c’est une très bonne découverte pour moi. J’aimerais relever un détail qui n’en est pas véritablement un, mais j’ai adoré le fait que les actrices soient réellement originaires de leur pays dépeint dans le film. Ça ajoute indéniablement un plus et le voir en VO est un régal. Dans cette distribution plutôt légère, j’étais heureux de revoir Kim Raver et Avi Nash. J’ai des souvenirs de la première quand je regardais plus jeune New York 911 avec ma mère et pour le second, il a joué un personnage qui avait le mérite d’être intéressant dans les dernières saisons de The Walking Dead.

L’écriture des personnages est, elle aussi, très réussie. Les trois sont intéressants, chacun à leur niveau, même si, encore une fois, j’ai eu des réserves sur l’Américaine (Sarah). C’est totalement personnel, mais les personnages qui sont absorbés par leur travail et y dédit leur vie, je ne suis vraiment pas fan. Je n’arrive pas à m’attacher à eux. Si en plus de cela, on m’ajoute un patron gentil, ça devient de la science-fiction à mes yeux. J’exagère un poil ce dernier point, mais j’ai du mal à croire au grand patron qui gère un immense cabinet d’avocat, dans un immense building, qui protège des grosses entreprises qui enterrent des déchets toxiques, soit gentil. Je n’y crois absolument pas. J’avais peu d’empathie pour le personnage de Sarah. Évidemment, je ne souhaite à personne ce qu'elle vit, mais je me demande si le peu d’empathie que j’avais pour elle, étais lié à son personnage de Kim dans New York 911. Est-ce que l’effet de nostalgie a joué sur moi ? Il y a des chances.

Le travail de Lætitia Colombani sur la réalisation est réussi, elle nous offre par moment de magnifiques plans, aider par des décors somptueux de l’Inde et de l’Italie. En effet, je suis moins fan des décors des États-Unis, nettement plus froid, dans des bureaux et des maisons, certes luxueuses, mais que je trouve sans vie. Tout bien réfléchi, c’est étonnamment à l’image de Sarah. Quand il s’agit de filmer ses personnages, Colombani nous offre souvent des plans serrés, au plus proche de ses personnages. Même durant les dialogues, les plans sont toujours très proches, elle voulait vraiment que l’on soit au plus près de leurs histoires. Dans celle de Sarah, j’ai bien aimé une séquence, celle du coup de téléphone dans la rue. Elle marche dans cette dernière et la caméra suit son rythme, jusqu'au moment où elle craque et que la caméra continue d’avancer sans elle. Le jeu de Kim Raver est d’ailleurs très réussi avec toute cette retenue avant le craquage. Pour en revenir, à l’Inde et à l’Italie, j’ai réellement trouvé les costumes très jolis, ils se marient très bien aux décors. Concernant le rythme, il est assez lent, mais au vu du genre du film, aucune surprise là-dessus et c’est assez difficile de lui tomber dessus pour ça. Ludovico Einaudi s’occupe de la bande originale du projet, et même si je la trouve plutôt répétitive, elle participe très bien à l’ambiance dépeinte durant le récit. La musique principale qui revient sans cesse est jolie et assez entêtante. Je trouve qu’elle apportait une ambiance un peu à la Xavier Dolan, notamment avec Mommy.

Voilà pour mon avis sur La Tresse de Lætitia Colombani. Un film intéressant, que je n’aurais peut-être jamais vu sans l’intervention de proche qui m’ont emmené au cinéma le voir. Je n’ai rien à reprocher au film, qui finalement, est là où on l’attend. Le seul reproche que j’ai fait est purement subjectif et ce n’est pas parce que j’ai accroché à deux histoires sur trois que le film en devient mauvais. Si ce genre de film peut vous intéresser, n’hésitez pas une seconde et allez le voir.

(Rédigé le 03/12/2023)

Notes :

  • Réalisation : 3/5
  • Casting : 4/5
  • Son : 3/5
  • Écriture : 3/5

Points positif et négatif :

Positif Négatif
Les actrices La troisième histoire moins passionnante
Les histoires intéressantes
L’écriture des personnages
Un bon film choral

Note finale

Note finale du film : 3/5