Killers of the Flower Moon

Résumé :

En mars 2016, un appel d’offres est lancé pour l’adaptation cinématographique du livre de David Grann, Killers of the Flower Moon, et ce sera la société de production Imperative Entertainment qui l’emportera contre 5 millions de dollars. Un an plus tard, on apprend qu’Eric Roth se chargera de l’adaptation et que trois autres personnes envisageraient d’embarquer dans l’aventure, Martin Scorsese, Leonardo DiCaprio et Robert De Niro. Les deux acteurs ont souvent collaboré avec le réalisateur, mais jamais à trois pour un long-métrage. Il sera annoncé en juillet 2017 que Scorsese et DiCaprio sont bien affiliés au projet et que le tournage devait démarrer début 2018. Ce ne sera pas le cas, car avant, Scorsese devait terminer The Irishman, donc le tournage sera finalement prévu en été 2019.

Le tournage ne démarra pas en été 2019, mais Scorsese commencera la production en allant voir le chef de la nation Osage en Oklahoma, Geoffrey Standing Bear. Ils discuteront de la manière dont la nation Osage pourrait être impliquée dans la production. Entre-temps, des informations sont de nouveau tombées, comme l’annonce au casting de De Niro, la distribution du film par Paramount Pictures et une nouvelle période de tournage prévu pour l’été de l’année suivante. Évidemment, si vous avez suivi l’actualité durant cette période, ce tournage n’a pas eu lieu à cause de la pandémie de COVID-19. Paramount craignant que le budget du film n’atteigne 200 millions de dollars, Martin Scorsese se tourna vers Netflix et Apple pour financer et distribuer le projet. Paramount voulait toujours prendre part à la production, mais au côté d’un partenaire supplémentaire et c’est Apple qui sera choisi. Ils cofinanceront et distribueront le film, Paramount restant le distributeur pour la sortie cinéma.

En 2021, la distribution s’étoffe avec l’arrivée de Lily Gladstone, Jesse Plemons, Tantoo Cardinal, Cara Jade Myers, JaNae Collins, Jillian Dion, William Belleau, Louis Cancelmi, Jason Isbell, Sturgill Simpson, Tatanka Means, Michael Abbott Jr, Pat Healy, Scott Shepherd, Steve Eastin, Gary Basaraba, Barry Corbin, Brendan Fraser et John Lithgow. Au départ, le rôle de l’agent principal du "Bureau d’enquête", Thomas White, devait être incarné par DiCaprio, mais ce dernier préféra jouer le rôle du neveu de l’antagoniste, Ernest Burkhart. Le rôle de White sera finalement attribué à Plemons.

Le tournage démarra enfin en avril 2021, principalement dans le comté d’Osage et le comté de Washington. Avant le début du tournage, Scorsese partagea une déclaration qui est la suivante : "Nous sommes ravis de commencer enfin la production de Killers of the Flower Moon en Oklahoma. Pouvoir raconter cette histoire sur les terres où les événements se sont déroulés est incroyablement important et essentiel pour nous permettre de dépeindre fidèlement l'époque et les gens. Nous sommes reconnaissants à Apple, au Bureau du film et de la musique de l'Oklahoma et à la Nation Osage, en particulier à tous nos consultants et conseillers culturels Osage, pour la préparation de ce tournage. Nous sommes impatients de commencer à travailler avec notre équipe locale pour donner vie à cette histoire à l'écran et immortaliser une période de l'histoire américaine qui ne doit pas être oubliée". Lily Gladstone (l’actrice principale) a déclaré que l'apport de la Nation Osage avait considérablement modifié le film par rapport à ce que Scorsese avait envisagé à l'origine et que leur collaboration avait eu un effet positif sur le film. Le tournage prendra fin en octobre 2021.

La musique du film sera composée par un collaborateur fréquent de Martin Scorsese, Robbie Robertson, qui est lui-même d’ascendance Cayuga et Mohawk. Il s’agira de sa dernière composition achevée pour un film, car il est mort en avril 2023. Le long-métrage est dédié à sa mémoire. Le film fera sa première mondiale au 76ᵉ Festival de Cannes durant lequel il reçoit une ovation de neuf minutes. À la base, une sortie limitée était prévue aux États-Unis avant d’être disponible sur Apple TV+. Cette sortie limitée sera abandonnée au profit d’une diffusion mondial en salle (merci !) avant d’atterrir sur la plateforme de streaming d’Apple. Un petit nombre de cinémas au Danemark, en Allemagne, en Italie, au Portugal, au Brésil, aux Pays-Bas et aux États-Unis ont inséré leur propre entracte dans le film. Paramount et Apple Original Films ont considéré que ces cinémas ne respectaient pas leur contrat et ont pris des mesures pour y mettre fin.

À sa sortie, Killers of the Flower Moon sera salué par la critique et le public. L’histoire, les personnages, les thèmes, sa réalisation, sa cinématographie, sa musique et la performance du casting, principalement Lily Gladstone, seront salués. En revanche, la plupart reprocheront sa durée jugée trop longue, au point que Scorsese et sa monteuse, Thelma Schoonmaker, s’en défendent. Certaines personnalités autochtones, on donnait leur ressenti sur le film, comme Kate Nelson qui dit : "En matière de représentation autochtone, Killers of the Flower Moon est-il parfait ? Non. Est-ce un progrès ? Oui. Le film fait avancer de manière significative l'industrie du divertissement, en affirmant avec force qu'il n'est plus acceptable d'extraire des actifs précieux des communautés autochtones - qu'il s'agisse de nos histoires ou de nos ressources naturelles - sans notre consentement et sans notre contribution".

Sur Rotten Tomatoes, le film obtiendra la certification Fresh, ainsi que 93 % pour 423 critiques et 84 % pour plus de 2,500 spectateurs. Sur Metacritic, la certification Must-See lui est attribué avec une note de 89 sur 100 par 63 critiques. Sa note CinemaScore est d'A-. Pour un budget estimé de 200 millions de dollars (hors marketing), il en rapportera 146 millions dans le monde et France, il cumulera 1,2 million d’entrées. Au vu des chiffres avancé, on pourrait se dire que le film est un bide, mais sa méthode de distribution rend cette donnée difficilement calculable. En effet, le succès du film, ne dépend pas uniquement de sa réussite en salle, mais aussi du nombre d’abonnés à Apple TV+. Après ce nouveau projet, Martin Scorsese en a évidemment d’autres de prévu, comme un biopic sur le groupe Grateful Dead, une adaptation du livre "The Wager" de David Grann (encore lui), une autre adaptation, "Home" de Marilynne Robinson et enfin, il voudrait faire un nouveau film sur Jésus. Nous verrons bien lequel nous découvrirons en premier.

Mon avis :

Un film de Martin Scorsese qui sort au cinéma, c’est toujours un événement. Ça l’est encore plus ces derniers temps, depuis qu’il s’est tourné vers les plateformes de streaming avec The Irishman pour Netflix. Il faut remonter en 2016 pour sa dernière sortie cinéma avec Silence. J’avoue qu’à l’annonce du projet et de la société de production (Apple Studios) j’étais déçu, car cela s’annoncer encore comme une sortie directe en streaming. Ce ne sera finalement pas le cas avec la Paramount qui distribuera le film dans le monde et j’en suis heureux. Finalement, je le verrai un mois après sa sortie (mieux vaut tard que jamais) en très bonne compagnie. Une compagnie qui n’est pas habituée aux films de cette durée, mais elle a tenu le coup (je suis fier d’elle) et même aimé le film.

Parlons tout de suite du sujet qui a fâché bon nombre de personnes, la durée de 3h26. Je trouve les critiques sur ce sujet assez dur. Je ne vais pas vous mentir, au milieu du visionnage, on commence à ressentir la longueur, mais cela n’impacte aucunement l’intérêt que l’on porte pour l’histoire et les personnages. Certes, certaines scènes auraient pu être retirées sans que cela impact notre compréhension ou notre ressenti, mais le film avoisinerait tout de même les trois heures. C’est une évidence, ce n’est pas le genre d’histoire que l’on raconte en 1h40. La durée est couplée à un rythme plutôt lent, qui, je trouve, joue en la faveur du film, à l’image de Silence que j’avais beaucoup aimé. Finalement, je trouve que l’histoire est tellement captivante que l’on peut difficilement lui reprocher sa durée.

La réalisation de Scorsese est comme d’habitude irréprochable, il n’y a rien à redire. Certes, nous n’avons pas de réelle scène marquante, mais le film est plus intimiste, moins "tape-à-l’œil" à la façon, une fois de plus, de Silence. Killers of the Flower Moon est globalement beau visuellement, que ce soit avec les décors ou les costumes qui sont superbes. Nous n’avons même pas besoin de faire d’efforts pour nous imprégner de l’époque dans laquelle l’histoire est racontée. Le réalisateur nous offre de magnifiques plans qui sont souvent liés aux tribus indiennes. Le côté sonore n’est certes pas le plus marquant du film, mais nous avons quelques effets de surprise réussis et une bande originale discrète qui épouse bien le ton du long-métrage.

Parlons maintenant de la distribution et je disais plus tôt qu’un film de Scorsese était un événement, mais c’est aussi le cas des films avec Leonardo DiCaprio, car ce dernier ne joue plus que dans une petite poignée de projet maintenant. Pour moi, nous n’avons pas le meilleur DiCaprio, mais il a le mérite de joué un rôle différent de ses habitudes, avec un personnage beaucoup plus ambigu moralement et qui semble en retard psychologiquement (de ce que j’ai ressenti). Son personnage ne paraît pas avoir un mauvais fond, mais ça ne l’empêche pas de faire les pires choix possibles et parfois les moins pardonnables. Pendant longtemps, je doutais peu de sa sincérité, mais au fil du long-métrage, c’est plus de la culpabilité que je voyais (merci à ma compagnie qui m’a ouvert les yeux là-dessus). Ce ne sera pas son rôle le plus marquant et ne vous attendez pas à voir son personnage péter un plomb comme il en était coutumier dans ces derniers projets. Sur ce dernier point, je suis assez content que ce ne soit pas le cas, car ç'aurait sonné faux et forcer, mais ç'aurait aussi été redondant. Ce ne sera pas non plus le rôle le plus marquant pour Robert De Niro, mais ça reste l’un de ses meilleurs rôles récents. Il joue parfaitement le connard que l’on aime détester. Il n’est pas le seul dans ce cas, car la grande majorité des personnages masculins sont de grosse merde globalement.

L’une des performances les plus marquantes, voir la plus marquante, c’est celle de Lily Gladstone. Je ne la connaissais pas et je l’ai adoré, elle est de loin la meilleure de la distribution. Elle n’a pas besoin de dialogue ou très peu pour faire passer ses émotions. Elle a une telle présence à l’écran ! Je trouve d’ailleurs dommage qu’elle n’est pas plus (voir autant) de temps d’écran que DiCaprio, car je trouve son personnage tout aussi intéressant. Après, Scorsese et les personnages féminins, c’est toujours un problème et difficile de faire face à une star comme DiCaprio, notamment pour vendre le film aux studios ensuite… Au passage, je voudrais saluer le choix de choisir des acteurs et des actrices d’origine indienne pour camper les rôles des personnages issus de tribu indienne. On pourrait dire que c’est normal, mais ce n’est évidemment pas une normalité ce genre de choix à Hollywood, donc quand ils sont faits, il faut le saluer et l’encouragé. J’ai aussi eu la plaisante surprise de revoir des acteurs que je n’attendais pas forcément ici, comme Brendan Fraser, John Lithgow, Jesse Plemons, Elden Henson ou encore Barry Corbin.

Voilà pour mon avis sur Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese. Ça ne reste qu’un premier visionnage, mais pour moi, nous ne sommes pas face au meilleur film de Scorsese. Il faut admettre qu’il est difficile de passer après Le Loup de Wall Street, Les Affranchis, Taxi Driver ou encore Casino. En nous offrant une histoire passionnante de A à Z, il n’en reste pas moins l’un des films de l’année sans hésitation. Étant quelqu’un qui ne connaît rien de l’histoire racontée, je passais mon temps à me demander comment tout cela allait finir pour ces personnes. Même si pour moi la durée n’était pas un problème, il faut avoir en tête ce point et son rythme plutôt lent avant de le voir. Il se peut que ce point vous rebute. En-tout-cas, je vous conseille grandement ce film, qui est une vraie réussite !