Barbie

To be honest, when I found out the patriarchy wasn't just about horses, I lost interest.

Résumé :

Dès 2009, Mattel avait pour ambition de développer un film Barbie avec une annonce de partenariat avec les studios d’Universal Pictures qui n’aboutira finalement jamais. En 2014, la société de jouets annonce une nouvelle association avec cette fois-ci Sony Pictures et pas mal de personne commenceront à travailler sur le sujet, a commencé par Jenny Bicks désignée comme scénariste. Plusieurs réécritures plus tard (avec d’autres scénaristes), il est indiqué en 2016 qu’Amy Schumer est pressentie pour jouer le rôle-titre et réécrira, elle aussi, le scénario avec sa sœur. L’année suivante, elle quittera le projet pour des différents créatifs avec les producteurs. Anne Hathaway est alors choisie comme remplaçante, tandis qu’une nouvelle scénariste est appelée, Olivia Milch, ainsi qu'Alethea Jones pour réaliser le film afin d’inciter Hathaway à rejoindre le navire.

En 2018, des mouvements chez Mattel ont lieu avec la nomination de Robbie Brenner à la tête de Mattel Films. L’accord avec Sony tombe à l’eau et cette fois-ci, c’est le studio Warner Bros. Pictures qui récupère le dossier épineux. Après un entretien avec Margot Robbie, le PDG de Mattel, Ynon Kreiz est déterminé à lui confier le rôle, car lui et Brenner trouvaient que Robbie ressemblait à une poupée Barbie et étaient impressionnés par ses idées. Le rôle lui sera alors confié après plusieurs entretiens et un rôle de productrice lui sera même proposé. L’actrice approchera la réalisatrice Greta Gerwig afin qu’elle travaille avec elle sur le projet. Cette dernière acceptera si son partenaire, Noah Baumbach, écrit avec elle le scénario. Robbie déclara que le film visait à renverser les attentes et à donner au public "la chose que vous ne saviez pas que vous vouliez".

Pour l’écriture, Gerwig et Baumbach ont eu une totale liberté de création. Le scénario contient des critiques franches à l’égard de Mattel ce qui a suscité des craintes de la société, mais le PDG décidera de faire confiance à Gerwig. Par contre, les dirigeants n’étaient pas d’accord avec les propos de la réalisatrice et Robbie quand ces dernières estimées que le film était "très certainement un film féministe". Ce même duo a informé la Warner, qu'elles exploreraient les controverses et les aspects problématiques de Barbie, mais elles ont également convaincu le studio qu'elles respecteraient le produit. Gerwig décrira son film comme anarchique, déséquilibré et humaniste.

Pour rejoindre Margot Robbie au casting et pour le premier rôle masculin, le choix sera porté sur Ryan Gosling en Ken. Le reste de la riche distribution sera composé d’America Ferrera, Simu Liu, Kate McKinnon, Ariana Greenblatt, Alexandra Shipp, Emma Mackey, Will Ferrell, Issa Rae, Michael Cera, Hari Nef, Kingsley Ben-Adir, Rhea Perlman, Ncuti Gatwa, Emerald Fennell, Sharon Rooney, Scott Evans, Ana Cruz Kayne, Connor Swindells, Ritu Arya, Jamie Demetriou et Helen Mirren. Lors du casting, Gerwig et Robbie ont cherché des actrices dotées d'une "énergie Barbie". Elles décrivent cette énergie comme "une certaine combinaison inexplicable de beauté et d'exubérance". Parmi les personnes envisagées pour la distribution, nous avions Gal Gadot, Timothée Chalamet, Saoirse Ronan, Bowen Yang, Dan Levy, Ben Platt et Jonathan Groff. Pour différentes raisons (emploi du temps, refus, etc.), ils n’ont pas pu être présents dans le film.

Le tournage commencera en mars 2022 et se terminera en juillet de la même année. Les deux principaux lieux de réalisation seront les studios Leavesden de Warner Bros en Angleterre, ainsi que Venice Beach en Californie. Avant le début du tournage, Greta Gerwig organisa une soirée pyjama avec les femmes de l’équipe du film afin d’établir des relations positives, tout en estimant que ce serait "la façon la plus amusante de commencer le film". Les décors se distingueront par l’énorme utilisation d’une nuance spécifique de peinture rose. La production du film videra même tout le stock restant d’une entreprise.

Le film sortira le 19 juillet 2023 en France et deux jours plus tard aux États-Unis. Barbie sera acclamée par la critique qui saluera le scénario pour avoir répondu aux critiques faites sur la représentation des femmes et le manque de diversité de la marque Barbie, tout en y insufflant de l'humour. Les performances de Margot Robbie et Ryan Gosling ont également été largement saluées. Certains estiment tout de même que le long-métrage n'allait pas assez loin dans la critique du consumérisme et des normes de beauté. Sur Rotten Tomatoes, il obtient la certification Fresh avec 88 % pour 459 critiques et 83 % pour plus de 10,000 spectateurs. Pas de certification du côté de Metacritic, mais une note de 80 sur 100 pour 67 critiques, tandis que le public de Cinemascore lui donne la note A.

En salle, le film est un carton ! Pour un budget de 145 millions de dollars (hors marketing), il en a rapporté 1,3 milliard dans le monde et a cumulé 4,9 millions d’entrées en France ! Il est le premier film réalisé par une femme (seule) à atteindre le milliard dans le monde, mais aussi le plus rapide à atteindre cette somme symbolique pour la Warner, devançant Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 2. Aux US, il devient aussi le film le plus rentable du studio devant The Dark Knight : Le Chevalier noir et dépassera aussi le film plus rentable de l’année, à savoir Super Mario Bros. le film. Un très joli succès qui ne semble pas faiblir tant que ça, avec le peu de concurrence ces derniers temps.

Mon avis :

Après avoir parlé de l’impressionnant Oppenheimer, il était temps pour moi de parler du deuxième phénomène de l’été, Barbie. Comme beaucoup de monde, à l’annonce du projet, j’ai très probablement roulé des yeux, mais les annonces qui ont suivi (que ce soit pour la réalisatrice/scénariste et la distribution), puis les photos et ensuite les bandes-annonces ont fini par me convaincre. Le résultat est là, Greta Gerwig a réussi adapter les jouets Barbie en un film très réussi en tout point et ce n’était pas gagné d’avance avec un sujet pareil. L’équilibre à l’écriture a dû être complexe, entre faire passer des messages, raconter l’histoire qu’elle souhaitait et suivre les très probables remonter de Mattel et de la Warner. Gerwig a réussi son pari haut la main. Concernant les messages, certes, certains sont très prévisibles, comme celui sur les Barbie en général et la place des femmes dans le monde réel, mais ça ne les empêche pas d’êtres réussis. Beaucoup de sujets sont abordés dans le long-métrage, comme le féminisme, le patriarcat, la pression de la perfection, les problèmes de santé mentale, etc. Pour moi, ils sont tous bien abordés, que ce soit avec humour ou sérieux. Là où le film est intelligent, c’est qu’il traite certains sujets avec une certaine légèreté, mais toujours avec pertinence. Il se permet même de se moquer des mascus fan de patriarcat et des fanatiques de Zack Snyder, ce qui me fait tout particulièrement rire, surtout quand ces derniers font ensuite ouin ouin sur internet. Un régal.

Quand bien même Barbie délivre de beaux messages et de la bonne manière, on ne peut occulter le fait que le film reste une pub de deux heures pour la gamme de jouets de Mattel. Certes, ces derniers acceptent de jouer la carte de l’autodérision, mais c’est aussi dans leur intérêt de paraître cool et sympathique. Je ne suis pas le public cible des produits, donc je ne me suis jamais senti visé, mais ça reste une chose à noter, surtout si vous êtes récalcitrant à ce genre de procédé. Après, il faut être naïf, voir hypocrite en sortant d’une séance et se plaindre de placement de produit, c’est littéralement le but principal du projet. C’est juste que parfois, tout s’aligne et le panneau publicitaire de deux heures devient en réalité un très bon film.

Un autre point fort de Barbie, c’est son esthétique et sa direction artistique. Les décors, les costumes et les accessoires sont tout simplement magnifiques ! Tout l’aspect jouet pour fille et ses clichés sont totalement respectés. Comme les couleurs pastel et criardes, le vide dans quasi tous les accessoires, les véhicules et les maisons qui s’ouvrent en deux, certains décors littéralement plats, etc. J’aime vraiment ce côté jusqu'au-boutiste et assumer ! De ce fait, toute la découverte de Barbieland et un émerveillement. Les costumes de Jacqueline Durran sont magnifiques et j’aime beaucoup l’énergie qu’ils dégagent. Pas besoin d’être devin pour voir tous les déguisements à venir pour les prochaines fêtes. En résumé, Sarah Greenwood et ses équipes ont fait un travail incroyable ! Les musiques ne sont pas en reste dans ce film, avec une bande originale réussie, mais qui restera masquée par les chansons des artistes invités pour l’occasion. Dans le lot, la majorité est très réussie, voire excellente et d’autres moins marquante. Dans les réussites, on peut citer sans sourciller "Pink" de Lizzo, "Dance The Night" de Dua Lipa, l’excellent remix de "Barbie World" de Nicki Minaj et Ice Spice, "Journey To The Real World" de Tame Impala et évidemment "I’m Just Ken" de Ryan Gosling, la meilleure en tout point.

L’écriture de Greta Gerwig et Noah Baumbach est très réussie, que ce soit pour les messages transmis dont j’ai déjà parlé, mais aussi pour les péripéties bien amenées que les personnages vivent. Le tout est très fluide et on embarque aisément dans l’histoire qui nous est proposée. Les dialogues sont, eux aussi, réussis, même si j’en trouve certains un peu longs et ralentisse parfois un peu trop le rythme à mon goût. Au-delà de ça, j’aime beaucoup le fait qu’on passe facilement outre la logique et la cohérence de changer de monde dans le film. En réalité, on se fiche de tout ça, tout n’a pas besoin d’être expliqué et c’est très bien que le film ne le fait pas.

L’une des grandes forces du film, voir SA grande force, c’est sa distribution fabuleuse ! Aucune actrice et aucun acteur ne sont à jeter dans cette œuvre, ils ont tous leurs petits trucs, et même de simple caméo sont sympathiques. Margot Robbie joue le personnage dont le film est tiré et elle s’en sort totalement au point de croire que ce rôle l’attendait. Elle a vraiment des moments drôles et touchants. Son arc narratif reste assez convenu et c’est l’une des raisons qui fait que suivre Ken et parfois plus passionnant, car il est un peu plus imprévisible. Si on ajoute à ça un Ryan Gosling qui semble lui aussi être destiné à jouer Ken et qui semble, de son côté, avoir plus de matière à jouer et à s'amuser, on obtient un personnage secondaire qui vole souvent la vedette à Barbie. Au vu des retours, la majorité des gens paraissent plus marqués par Ken que par Barbie. Le reste du casting est loin d’être oubliable, avec des têtes que j’ai adoré voir comme Will Ferrell, Kate McKinnon, Emma Mackey, Ritu Arya, Simu Liu, Kingsley Ben-Adir, Ncuti Gatwa, Michael Cera et Connor Swindells. Tout ce beau monde semble s’être éclaté durant le tournage et ça se ressent.

Barbie est rempli d’humour et ce dernier est particulièrement réussi, avec pas mal d’autodérision. Déjà, j’aime beaucoup le côté abruti fini des Ken qui semblent totalement à côté de la plaque. C’est l’occasion de redécouvrir pour ma part Ben-Adir, qui montre son talent d’acteur après avoir joué un ennemi ennuyant dans une série qui l’est tout autant, Secret Invasion. Ici, je le trouve très drôle et me donne envie de le voir un peu plus dans d’autres projets tout aussi qualitatifs. J’aime aussi le côté cartoonesque assumé et réussi des personnages, même ceux du monde réel comme Will Ferrell et ses acolytes, qui, à chaque interversion, sont pathétiquement drôles. Toujours en termes d’humour, Gosling vole paradoxalement encore la vedette à l’héroïne, une nouvelle preuve qu’il est à l’aise dans la comédie (regarder The Nice Guys et ses sketchs du SNL). Le traitement de son personnage est réussi, car malgré son côté abruti fini, il a surtout le comportement d’un enfant maladroit et avec son allure et ses muscles, le décalage rend tout cela très drôle. C’est simple, pour moi, il a l’une des meilleures scènes du film, tout comme America Ferrara, mais avec une ambiance totalement opposée. Cette dernière nous offre un monologue passionnant, inspirant et très beau. Le premier, lui, nous offre l’une des meilleures scènes du long-métrage avec sa comédie musicale à la fois, drôle, prenante et joliment mise en scène.

Voilà pour mon avis sur Barbie de Greta Gerwig, qui réussit l’exploit d’adapter un film Barbie sans que ce soit rater, méprisant, patriarcal et nian-nian. Elle l’a fait avec beaucoup d’humour, d’autodérisions et avec un amour sincère pour ses personnages. Sur ce dernier point, ça se ressent. Je ne vois aucun personnage mal traité dans ce film. Malgré l’aspect et le ton général, il est fait pour tout le monde. Il mérite son succès et je vous invite grandement à aller le voir !

(Rédigé le 23/08/2023)

Notes :

  • Réalisation : 4/5
  • Casting : 5/5
  • Son : 4/5
  • Écriture : 4/5

Points positif et négatif :

Positif Négatif
Le casting fabuleux De légères longueurs durant certains dialogues
Une adaptation plus que réussi
Les décors, costumes et accessoires magnifiques
L’humour et l’autodérision du film
Les nombreux messages transmis

Note finale

Note finale du film : 4/5