Oppenheimer

Now I am become Death, the destroyer of worlds.

Résumé :

En 2005 sort la biographie de J. Robert Oppenheimer, American Prometheus, écrit par Kai Bird et Martin J. Sherwin. Une idée d’adaptation est vite arrivée et le réalisateur Sam Mendes était le premier à être intéressé. Finalement, le projet ne se concrétisera jamais et les auteurs sont devenus pessimistes à l’idée de pouvoir faire de leur livre une version cinématographique. Dix ans plus tard, un certain J. David Wargo détient les droits d’adaptation du livre et examine plusieurs scripts. Plus tard, il prendra un rendez-vous avec Charles Roven, un producteur de plusieurs films de Christopher Nolan. Alors que la production de son dernier film, Tenet est sur la fin, Robert Pattinson offre un livre des discours d’Oppenheimer au réalisateur, ce qui confirmera son souhait de réaliser le projet. Après des années de collaborations depuis Insomnia, l’histoire d’amour entre Nolan et Warner Bros s’achèvera. Pourquoi ? Parce que le studio annonça en décembre 2020 que leurs films de 2021 sortiraient simultanément au cinéma et sur leur plateforme de streaming HBO Max. Nolan, en amoureux des salles de cinéma, sera scandalisé par cette décision qui implique son projet Tenet. Mi-2021, il quitte la Warner et part à la recherche d’un studio capable de soutenir son prochain projet. Il choisira les studios Universal qui accepteront ses conditions, à savoir un budget de production de 100 millions de dollars, un budget marketing équivalent, une fenêtre d'exploitation exclusive en salle allant de 90 à 120 jours, 20 % du premier dollar de recettes brutes du film et une période de trois semaines avant et après la sortie du film pendant laquelle Universal ne peut pas sortir d'autre nouveau film.

Après cinq collaborations entre Christopher Nolan et Cillian Murphy, Oppenheimer marque la sixième, avec cette fois, un rôle principal pour l’acteur. Un processus secret de casting aura lieu et les premiers choisis seront, Robert Downey Jr, Matt Damon et Emily Blunt. Tous les trois accepteront une réduction de salaire afin de participer au projet. Damon était en pause dans sa carrière, car lui et sa femme étaient en thérapie de couple. D’après les dires de Damon, l’une des conditions qui pouvait briser cette pause, aurait été que Nolan le contact pour un film, ce qui sera fait. De son côté, Downey a décrit Oppenheimer comme "le meilleur film" dans lequel il a joué. Le reste de la distribution sera composé de Benny Safdie, Florence Pugh, Josh Hartnett, Casey Affleck, Rami Malek et Kenneth Branagh. Le tournage aura lieu de février à mai 2022, principalement aux États-Unis. Comme à son habitude, Nolan utilisera des caméras IMAX ainsi que des pellicules IMAX 65 mm et des pellicules grand format 65 mm. Un type de pellicule IMAX sera créé pour la première fois pour les besoins du long-métrage, des pellicules IMAX en noir et blanc. Le réalisateur n’est pas un grand fan des effets numériques par ordinateur, de ce fait, pour recréer l’essai nucléaire Trinity, l’utilisation de véritables explosifs aura lieu. Un décor spécial a été créé avec de l'essence, du propane, de la poudre d'aluminium et du magnésium, tout en utilisant des miniatures pour l'effet pratique et la perspective forcée.

Oppenheimer sortira le 21 juillet aux États-Unis et outre les salles numériques classiques, le film sortira également dans d’autres formats, à savoir l’IMAX 70 mm (30 copies), le 70 mm standard (113 copies) et le 35 mm (environ 80 copies). Aux US, le film sera classé R (interdits aux moins de 17 ans, non accompagné d’un adulte) dû à ses quelques scènes de sexualité et de nudité, ainsi que son langage. Il s’agit du premier film classé R de Christopher Nolan après Insomnia. Les critiques de tout horizon salueront le film, notamment pour son casting (en particulier Cillian Murphy et Robert Downey Jr.), son scénario et ses visuels. Bien qu’une partie des critiques pointe du doigt l’écriture des personnages féminins, d’autres le vois comme l’un des meilleurs films de 2023. Le film obtient la certification Fresh sur Rotten Tomatoes, avec 94 % de la part des 412 critiques et 92 % pour les plus de 5 000 spectateurs. Sur Metacritic, il reçoit la note de 88 sur 100, ainsi que la certification Must-See. Le public du CinemaScore lui donne la note de A. En salle, comme sa concurrente (ou alliée) Barbie, Oppenheimer est un succès (pour le moment). Pour un budget de 100 millions de dollars, il en a rapporté à l’heure actuelle 405 millions dans le monde. En France, le film est également une réussite avec plus de 1,8 million d’entrées en deux semaines.

Mon avis :

Chaque sortie d’un Nolan est un événement, un parfait prétexte (s’il en fallait un) pour aller au cinéma. Pour moi, c'était un double événement, car c'était l'occasion de regarder un film en 70 mm et par la même occasion de faire découvrir ce format à l'un de mes proches ! Résultat, nous n'avons pas été déçus, que ce soit de l'œuvre ou du type de projection ! Commençons par la base, Oppenheimer fait partie de ces longs-métrages à voir absolument au cinéma tant l’expérience est grandiose. Ça peut sonner étrange ce que je vais dire, mais pour moi, c’était une expérience "sensorielle", c’est le mot qui m'est resté à la sortie de la séance. Mais qu’est-ce qui fait que ce film soit une expérience à vivre si incroyable ? Je pense que c’est principalement dû à l’immersion insufflée par Christopher Nolan et ses équipes. Dans un premier temps, les visuels qu’ils proposent sont à couper le souffle et si on prend en compte le fait que le tout soit sans effet numérique, ça rend la chose encore plus impressionnante, en plus d’ajouter un cachet de réalisme. J’ajouterais que la diffusion en 70 mm ajoute vraiment un plus avec ce grain particulier et cette définition sans égale. Ce modèle de diffusion est une merveille. Ensuite, nous avons le travail global sur le son qui est à la fois immersif et impactant. Ne vous étonnez pas si vous faites des sursauts durant votre séance. La dernière fois, que le son m’avait impacté à ce point dans un film, c’était pour Nope et chez Nolan, c’était Dunkerque. Toujours du côté du son, nous avons le retour de Ludwig Göransson à la composition qui remplaçait déjà Hans Zimmer depuis Tenet. On peut dire que la relève est assurée, car après avoir offert une très bonne BO, pour le film d’espionnage, ici, il monte d’un cran plus haut pour nous offrir une composition encore plus marquante, avec des moments oppressants et des envolées lyriques envoûtantes. Le son fait partie des meilleurs points du long-métrage, il participe grandement à l’immersion. Nolan nous offre également de très bonne mise en abyme pour les chamboulements moraux du protagoniste principal. Ces visions sont très efficaces et viscérales. Pour moi, ce sont ces scènes qui illustrent parfaitement l’immersion dont je parle depuis le début.

Le film est pour moi une claque monumentale, mais malgré ça, j’ai trouvé que quelques longueurs se faisaient ressentir. Je ne le trouve pas trop long, mais il nous fournit tellement d’infos (notamment des termes scientifiques et des noms de personnes) dans un rythme soutenu que parfois, il est facile de décrocher. C’est la seule chose que je puisse lui reprocher. Oppenheimer nous propose de superbes séquences, comme celle remplie de tension pour l’essai Trinity. Christopher Nolan et le casting nous font ressentir ce stress que les personnes ont vécu à l’appui d’un "simple" bouton. Toute cette scène m’a pris aux tripes. Une autre séquence m’a marqué, c’est l’horrible joie (compréhensible dans un sens) des personnes de Los Alamos lors de l’essai réussi, mais surtout lors du largage sur Hiroshima et Nagasaki (beaucoup moins compréhensible). Comment évoquer ce film, sans parler de ce casting XXL ? Dès son annonce, j’étais surexcité de voir le résultat et je suis loin d’être déçu. Évidemment, Cylian Murphy est bluffant en Robert Oppenheimer, mais il n’est pas le seul à briller. C’est le cas aussi de Robert Downey Jr. que l’on voit enfin en dehors de son "style" Tony Stark et ça fait plaisir, car il brille de mille feux dans le rôle de Lewis Strauss. Matt Damon est également très bon ici, mais il ne nous surprendra pas, parce que nous l’avons déjà vu jouer ce type de personnage. Jason Clarke qui joue un Roger Robb agaçant à la perfection, Casey Affleck en un colonel flippant, un surprenant Gary Oldman, Emily Blunt, Florence Pugh, Dane DeHaan, Alden Ehrenreich, Tom Conti, David Krumholtz, etc. Bref, un excellent casting, que ce soit pour les premiers rôles ou ceux un plus en retrait.

Voilà pour mon avis sur Oppenheimer de Christopher Nolan. Je vous encourage grandement à voir le film au cinéma, c’est une expérience à vivre en salle obscure. Si vous le pouvez, je vous conseille le format 70 mm, histoire que vous puissiez vivre l’aventure de regarder un film projeté en pellicule, car aujourd’hui ce n’est pas tous les jours que ça arrive. Honnêtement, je ne saurais pas dire, comme beaucoup de monde, s’il s’agit du chef-d'œuvre de Nolan ou pas. Par contre, il sonne vraiment comme son œuvre la plus complète et la plus aboutie. Faire un biopic aussi passionnant, à la limite d’un thriller et aussi impressionnant visuellement, c’est une prouesse. J’ai extrêmement hâte de le revoir. Le fait que l’histoire du film soit de nouveau d’actualité, m’attriste beaucoup, c’est d’une tristesse sans nom…

(Rédigé le 27/07/2023)

Notes :

  • Réalisation : 5/5
  • Casting : 5/5
  • Son : 5/5
  • Écriture : 4/5

Points positif et négatif :

Positif Négatif
Une expérience de visionnage folle Des longueurs se font ressentir
Une œuvre complète de Nolan
Le travail sur le son immersif et impactant
Les images de sublimes
Un casting impressionnant

Note finale

Note finale du film : 5/5 - Coup de coeur