Indiana Jones et le Cadran de la destinée

I don’t believe in magic. But a few times in my life, I’ve seen things…things I can’t explain.

Résumé :

Après avoir proposé un quatrième film Indiana Jones, George Lucas ne voulait pas s’arrêter et se pencha sur un cinquième volet. L’une de ses idées était de faire du personnage de Mutt Williams (joué par Shia LaBeouf) le personnage principal de cette suite, mais abandonnera l’idée au fil du temps. Il déclarera que, comme pour les films précédents, Steven Spielberg serait prêt à reprendre son poste de réalisateur. En octobre 2012, la Walt Disney Company achète la société Lucasfilm et, par conséquent, obtient les droits de la licence Indiana Jones. Après cette acquisition, Lucasfilm, sous l’égide de Kathleen Kennedy, met en pause la production du cinquième film pour se concentrer sur la licence Star Wars. En mars 2016, le studio annonce officiellement la mise en chantier du film pour une sortie en 2019 et avec le retour de d’Harrison Ford et Spielberg, mais sans l’implication de Lucas. Spielberg commencera à écrire l’histoire du long-métrage avec David Koepp. La sortie sera de nombreuses fois repoussée faute d’un scénario final validé et en 2020, Spielberg quitte le poste de réalisateur, souhaitant le regard neuf d’un nouveau cinéaste. Ce nouveau cinéaste sera choisi la même année en la personne de James Mangold et il travaillera également sur le scénario avec Jez et John-Henry Butterworth. La principale source d’inspiration de Mangold pour la réalisation sera les Aventuriers de l'Arche perdue. En effet, pour lui : "Vous allez à l'original parce que c'est là que la norme a été établie".

Déjà à l’époque où Steven Spielberg était encore en charge du projet, lui et le producteur Frank Marshall refusé de remplacer Harrison Ford dans le rôle d’Indiana Jones. Ce dernier déclara même : "Je suis Indiana Jones. Quand je ne serai plus là, il ne sera plus là". John Rhys-Davies et Karen Allen sont également de retour dans cette suite. Les nouveaux membres de la distribution sont Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, Thomas Kretschmann, Boyd Holbrook, Shaunette Renée Wilson, Antonio Banderas, Ethann Isidore et Toby Jones. Le rôle de Waller-Bridge sera spécifiquement écrit pour elle, tandis que le retour de Shia LaBeouf n’a jamais était envisagé. James Mangold a précisé que ce n’était pas lié au fait qu’il avait critiqué le Royaume du crâne de cristal et Steven Spielberg, mais juste qu’il trouvait que son personnage ne fonctionnait pas. Le tournage commença en juin 2021 et se termina en février 2022. Contrairement au quatrième opus, qui a été principalement sur fond vert et aux États-Unis, Mangold voulait revenir sur des tournages mondiaux comme les trois premiers, tout en étant opposé aux StageCraft préférant s’appuyer principalement sur des effets pratiques. Le tournage aura donc lieu au Royaume-Uni, en Italie et au Maroc. L’une des séquences du film inclut un rajeunissement numérique de Ford et à l’origine, elle devait durer 5 minutes quand Spielberg était encore sur le projet, Mangold là étendue à 25 minutes. Plus de 100 artistes d’ILM ont travaillé sur la séquence pendant trois ans.

Indiana Jones et le Cadran de la destinée sera présenté en avant-première au Festival de Cannes et sortira le 30 juin 2023 aux États-Unis. Le film recevra des retours mitigés de la presse et du public. Sur Rotten Tomatoes, il obtient 68 % des 371 critiques et 88 % pour plus de cinq mille spectateurs. Sur Metacritic, les 65 critiques lui donnent la note de 58 sur 100, tandis que le public de CinemaScore lui donne la note de B+. Avec un budget de production estimé à 295 millions de dollars, sans compter les coûts de marketing, il est le film le plus cher de la franchise Indiana Jones, ainsi que l'un des films les plus chers jamais réalisés. À l’heure actuelle, un total de 302 millions de dollars est récolté au box-office mondial, dont 145 aux US et 2 millions d’entrées en France. Avec un si gros budget et aussi peu de revenues générées en salle, le dernier-né de la saga est considéré, à juste titre, comme échec au box-office. Pendant un temps, le doute plané sur un éventuel sixième film et d’autres projets annexes. Récemment, Lucasfilm a annulé le projet d’une série préquelle pour se consacrer à nouveau pleinement sur Star Wars et quelques mois plus tard, Disney annonça que le Cadran de la destinée serait bien le dernier épisode de la franchise. À voir maintenant combien de temps, ils vont tenir avant de lancer un nouveau projet lié à la saga.

Mon avis :

Voilà, il est l’heure de "clôturer" la saga Indiana Jones avec le Cadran de la destinée. J’avoue avoir eu une certaine appréhension à l’époque de l’annonce du projet après le Royaume du crâne de cristal et au vu de l’âge d’Harrison Ford. Une partie de cette appréhension a disparu dès l’introduction du film. En effet, cette dernière est, contrairement à l’opus précédent, diablement réussi. On retrouve les débuts d’une aventure passionnante et cette introduction, montre déjà une chose, James Mangold respecte l’univers et l’imagerie de la saga. Le réalisateur de Logan et du Mans 66 reprends le flambeau de Steven Spielberg de la meilleure des manières. Il offre un bel hommage à la saga, mais avec sa propre patte et tout en proposant des choses parfois inédites à la franchise. Il faut revenir sur l’introduction, car je ne peux pas ignorer l’une des attractions principales de ce long-métrage, à savoir le rajeunissement numérique d’Harrison Ford. C’est simple, c’est tout bonnement bluffant à voir ! Ça me rappelle le film Captain Marvel qui avait utilisé le même procéder pour rajeunir Samuel L. Jackson et c’était déjà fou. Ici, ça l’est un peu plus, car le changement de visage entre le Ford du passé et celui d’aujourd’hui et radicalement différent. Bien sûr, cette technique à ses limites et on voit facilement l’effet durant les scènes d’actions ou tout simplement les scènes en extérieur. Malgré les quelques moments où l’on voit l’artifice, il n’en reste pas moins impressionnant et j’ai un immense respect pour les personnes qui ont travaillé là-dessus. Mangold étant habitué aux films qui comportent pas mal d’action, ici, il nous en propose des scènes réussies. Ces dernières sont passionnantes à suivre et je me suis surpris à avoir peur pour les personnages par moment. Les cascades sont impressionnantes et certaines séquences grisantes. Le réalisateur n’oublie pas non plus l’exploration qui fait tout l’intérêt d’un film Indy, même s’il faut attendre la dernière demi-heure, comme pour les opus précédents. Au passage, je dois souligner que le film nous propose une nouvelle fois un dernier acte qui part en sucette et sur lequel j’émets quelques réserves. Je n’en dirais pas plus, juste que ça reste déjà plus acceptable que le dernier acte du quatrième volet. Malgré ça, cela n’empêche pas le Cadran de la destinée d’avoir une fin, pour moi, réussie et satisfaisante.

L’un des reproches que j’avais fait au film précédent, concernait la musique et la surutilisation du thème principal. À 91 ans, John Williams est de retour pour signer à nouveau la composition musicale du projet. Personnellement, ça ne me rassurait pas vraiment. Cependant, il s’avère que je m’étais trompé sur lui, car la copie rendue est réussie. On sent qu’il ne voulait pas se rater pour son dernier projet avant la retraite (en fait non). Ici, il ne se contente pas de rependre simplement le thème principal, il le réarrange, et ce, de manière efficace et très prenante. Ses nouvelles compositions sont elles aussi réussies et elle ne ressemble pas à du Star Wars cette fois ! Parlons maintenant des personnages et commençons par les antagonistes qui sont ici des méchants vraiment méchants. Ils sont cruels et prêt à tuer n’importe qui sur leur passage. Ce sont des ennemies qui inspirent la peur, car imprévisible. Vous le savez, j’apprécie énormément Mads Mikkelsen et on sent qu’il est toujours aussi à l’aise pour jouer les méchants dans ses œuvres. Ici, il vole presque la vedette à notre héros, tant son personnage est intéressant. À côté, nous avons un Boyd Holbrook fou de la gâchette, un peu neuneu parfois, mais qu’il ne faut pas trop contrarier. Côté protagoniste, nous avons bien sûr Indiana Jones et une nouvelle, la filleule du héros interprétée par l’excellente Phoebe Waller-Bridge. Cette dernière joue un personnage ambigu que l’on discerne difficilement durant le visionnage, ce qui la rend passionnante. Du côté d’Indy, ça fait un peu bizarre après avoir enchaîné le visionnage des différents films de le voir si vieux. Malgré son âge, il garde un certain peps ! Le film a vraiment pour thème le passage du temps et ce dernier est plus marquant dans cet opus pour des raisons évidentes. Tous ces aspects, sur l’âge et le temps, nous offre un cinquième film beaucoup plus émotionnel. À certains moments clé, j’aurais tendance à dire qu’Indy est en pleine dépression. Ce n’est jamais dit ou montrait explicitement, mais il y a des signes qui ne trompent pas. C’est aussi l’épisode dans lequel une certaine gravité sur les événements qui se déroulent prend place. Lors d’une exécution sommaire et la découverte d’un corps, on sent la gravité de la scène et ça ajoute un côté premier degré et froid à l’ambiance qui n’est pas déplaisant. Nous avons aussi une autre scène ou l’un des personnages jubile après une scène d’action et derrière un autre personnage rappel qu’un de ses amis est mort, ce qui ajoute une nouvelle fois de la gravité. Ça contraste beaucoup avec le côté fun des combats et des fusillades. Pour terminer, j’ai bien un regret qui n’est pas un défaut du film, mais j’aurais adoré un retour de Ke Huy Quan, surtout qu’avec son retour au premier plan, l’occasion aurait été belle.

Voilà pour mon avis sur Indiana Jones et le Cadran de la destinée de James Mangold. Un dernier chapitre réussi, qui respecte la saga tout en proposant de nouvelles idées bienvenues. Il a un côté plus émotionnel que j’apprécie et des méchants marquants. Certes, la magie des premiers films n’est pas atteinte, mais je pense qu’il n’est plus possible de reproduire le charme des premiers Indiana Jones. On l’a bien vu quand Steven Spielberg voulait reproduire l’effet des trois premiers dans son quatrième, ça ne marche pas. Ce qui ne marche pas non plus, malheureusement, c’est le film en salle. C’est triste, mais malgré ses qualités indéniables, il bide complétement en salle et c’est déprimant. Ils ont réussi à relever la barre après un opus précédent décrié, mais ça ne suffit pas pour faire venir les gens. Dommage, le film aurait mérité un autre sort au box-office.

(Rédigé le 14/07/2023)

Notes :

  • Réalisation : 4/5
  • Casting : 3/5
  • Son : 4/5
  • Écriture : 3/5

Points positif et négatif :

Positif Négatif
Le respect de la saga par Mangold Un dernier acte qui part encore en sucette
Le plus émotionnel des cinq Les limites du rajeunissement numérique
Des méchants réussis
La fin satisfaisante
Le rajeunissement numérique bluffant !

Note finale

Note finale du film : 3/5