Furiosa : Une saga Mad Max

Résumé :

L’écriture de "Mad Max: Fury Road" aura pris plus de 15 ans pour George Miller (créateur de la saga) et son co-scénariste, Nico Lathouris. En plus d’écrire l’histoire principale, ils ont également écrit le passé des personnages, en particulier celui de l’Imperator Furiosa incarné par Charlize Theron. Miller et Lathouris appréciaient tellement le personnage qu’ils ont fini par écrire un scénario centré sur elle et il servira de référence pour la performance de Theron dans "Fury Road". À un certain moment, les scénaristes ont envisagé d’adapter leur scénario en un film d’animation, mais ce projet n’a pas abouti. Le film d’aujourd’hui sera annoncé deux ans avant le tournage de "Fury Road" quand Miller annonça son intention de tourner les deux films en même temps, mais bien sûr, durant la préproduction du premier long-métrage, l’idée sera mise de côté. Il faudra attendre quatre ans après la sortie du film pour avoir des nouvelles du préquel déjà annoncé. En effet, la production sera retardée après que la société de production de Miller intente un procès contre Warner Bros au sujet d’un différend concernant le salaire de ce dernier. Le litige sera réglé en 2020 et la production pourra finalement commencer et une grande partie de l’équipe technique derrière "Fury Road" sera de retour.

Pour le rôle principal de son préquel, George Miller voulait une actrice plus jeune pour incarner Furiosa, plutôt que d’utiliser la technologie de rajeunissement sur Charlize Theron. Il trouve que cette technique laisse toujours un effet "vallée dérangeante". L’actrice sera déçue de ne pas pouvoir incarner de nouveau le personnage, mais approuva tout de même la nouvelle actrice choisie, la qualifiant "d’une des plus grandes actrices" (avec un "f*cking" pour appuyer son propos). Cette actrice dont parle Theron, c’est Anya Taylor-Joy. Elle sera choisie après que Miller ait vu un premier montage de Last Night in Soho d’Edgar Wrightet après l’avoir auditionnée sur un monologue. Wright dira à Miller de "se faire une faveur et de saisir l'occasion de travailler avec elle". Chris Hemsworth s’ajoutera au casting, lui qui avait raté le casting de Max dans "Fury Road". Il estime lui-même qu’il n’était pas assez connu à l’époque pour ce rôle. Il déclara être heureux de jouer Dementus, car cela lui permettait de "sortir de son rôle type d'homme d'action musclé et... de jouer un personnage avec des complications et de la noirceur". Pour une plus jeune Furiosa, Miller choisit Alyla Browne, qu’il a connue sur le tournage de son précédent film : "Trois mille ans à t'attendre". L’intelligence artificielle sera utilisée pour fusionner les traits du visage de la jeune actrice à celui de Taylor-Joy. Alors qu’Yahya Abdul-Mateen II était choisi pour l’un des rôles principaux, il sera remplacé par Tom Burke suite à un conflit d’emploi du temps.

Après avoir signé la bande originale de "Fury Road" et "Trois mille ans à t'attendre", Tom Holkenborg (connu aussi sous le pseudo Junkie XL) est de retour. À la demande de George Miller, le compositeur a créé une musique plus subtile que l’aventure précédente. Lors d’une séquence d’action, la question s’est posée de réutiliser la musique culte "Brothers in Arms", mais le réalisateur décida que non. Holkenborg décrit ses morceaux de cette manière : "Musicalement, tout était raconté à la première personne, c'est-à-dire à travers Furiosa, comment elle observe le monde qui l'entoure, le Wasteland, ses cruautés. ". Le tournage principal démarre en juin 2022 et devait se terminer en septembre de la même année. Il se terminera finalement un mois plus tard. La majorité du tournage a eu lieu en Australie, en Nouvelle-Galles du Sud. Anya Taylor-Joy a fait l’éloge de Miller en matière de sécurité sur le plateau de tournage, ce qui n’a pas empêché ce dernier d’être le plus difficile qu’elle ait fait. Le réalisateur, de son côté, avoua que le tournage du film d’aujourd’hui a été plus facile que celui de Fury Road (qui a été très mouvementé). Une séquence d’action aura nécessité 78 jours de tournage et près de 200 cascadeurs y ont participé chaque jour. Le film est présenté en avant-première au 77e Festival de Cannes le 15 mai 2024 et sortira le 22 mai dans les salles françaises, puis deux jours plus tard aux États-Unis.

Que ce soit la presse ou le public, tous deux ont été convaincus par ce 5e volet de la saga Mad Max. La plupart soulignent les séquences d’action, le scénario et les performances de la distribution. Sur Rotten Tomatoes, le film obtient la certification "Fresh" avec 90 % pour 336 critiques et 90 % pour plus de 1000 spectateurs. Sur Metacritic, une note de 79 sur 100 pour 63 critiques lui est attribuée, tandis que sur CinemaScore, il obtient B+. Au box-office, le film n'est pour le moment pas une réussite. Pour un budget de 168 millions de dollars (hors marketing), il a récolté 71 millions dans le monde, 38 millions aux États-Unis et cumule 358 mille entrées en France. Ses débuts ont été qualifiés de "décevants", car il s’agit des recettes les plus faibles durant le Memorial Day depuis 1995. Pourtant, d’après l’Australian Broadcasting Corporation, il est le film australien le plus cher de l’histoire. Dernièrement, Miller a confirmé que le film allait avoir un traitement en noir et blanc, comme ce fut le cas de "Fury Road", mais sans communiquer de date. Concernant la suite de la saga, le créateur a toujours l’espoir de réaliser un nouveau préquel, cette fois-ci sur le Max incarné par Tom Hardy : "Mad Max: The Wasteland". Miller attend de voir "l’accueil réservé à Furiosa" pour voir si le studio lui donne le feu vert. Malheureusement, au vu des résultats en salle, il y a peu de chance que cela se concrétise cette fois.

Mon avis :

Je me souviens qu’à l’époque, à l’annonce du projet, j’étais déçu. À ce moment-là, j’attendais plus une suite directe à "Fury Road", plutôt qu’un "simple" préquel. Ce dernier était une claque monumentale et il est, pour moi, facilement l’un des meilleurs films des années 2010. Finalement, que vaut réellement "Furiosa" ? C’est clairement une franche réussite dans tous les domaines. Pour résumer grossièrement, c’est une nouvelle fois une claque de deux heures et un digne héritier de son prédécesseur, notamment dans son rythme et ses scènes d’action incroyables. C’est simple, nous sommes face à un VRAI et BON préquel. George Miller et Nico Lathouris ont compris ce qui faisait l’intérêt de ce type de long-métrage. Beaucoup de studios (et auteurs) devraient en prendre de la graine. Un préquel, ce n’est pas juste une excuse bidon pour traire une licence jusqu’aux os. Dans certains cas, cela peut aider à développer un univers et (ou) des personnages, tout cela sans prendre le public pour des imbéciles.

J’ai pris un vrai plaisir à découvrir l’histoire de Furiosa, qui était le personnage le plus intéressant dans "Fury Road". J’ai trouvé le choix de caster Anya Taylor-Joy très pertinent, que ce soit pour son talent d’actrice, mais aussi pour sa légère ressemblance avec le personnage (surtout avec le maquillage et le crâne rasé). Elle est parfaite dans son rôle, très convaincante, et prouve encore une fois (si tant est que c’était nécessaire) qu’elle a un talent incroyable. Elle aurait pu sans problème porter le projet sur ses épaules, mais elle est bien accompagnée en la personne de Chris Hemsworth. Ce dernier forme un duo du tonnerre (lol) avec Taylor-Joy. Pour les besoins du rôle, il passera par la case maquillage et sans exagérer, je pense que les personnes qui ne se renseignent pas sur l’acteur derrière le rôle pourraient se faire avoir tant le grimage est impressionnant et réussi. Que ce soit physiquement ou à l’écriture, il joue un personnage en totale opposition de ses rôles habituels, à savoir le héros beau gosse qui fait de la bagarre (Thor et Tyler Rake pour ne citer qu’eux). Dans le film d’aujourd’hui, il joue une vraie pourriture et il semble s’en donner à cœur joie, ce qui fait sincèrement plaisir à voir. Je suis très heureux de le voir dans ce genre de rôle qui casse un peu son image. Ça ne peut qu’être bénéfique pour lui et on sent qu’il s’est amusé avec ce personnage. C’est d’ailleurs lui qui a les meilleures répliques, je trouve. Même si ce n’est pas la plus grande force du film, les dialogues sont réussis, notamment vers la fin et les tirades de Dementus sont parfois les plus savoureuses.

Le film nous embarque très vite dans son intrigue avec une introduction très réussie mettant en avant des personnages forts. C’est l’occasion pour moi de parler de la jeune Furiosa, alias Alyla Browne. C’est une gamine que je trouve très talentueuse et qui m’avait aussi bluffé par sa ressemblance avec l’actrice principale. Quand j’ai appris que cette ressemblance était due à l’IA, j’ai tout de suite redescendu. J’étais limite déçu, mais il faut reconnaître que le travail reste impressionnant, l’illusion est parfaite. Toujours concernant l’intro, c’est incroyable à quel point on replonge avec aisance dans le style de "Fury Road". Dès les premières minutes, on a à peine le temps de s’installer que le film part déjà à cent à l’heure en ne se permettant de souffler que peu de fois. C’est l’ADN de son prédécesseur. Certaines personnes pourraient être rebutées par ce rythme effréné, mais ici, c’est clairement bien fait. Nous ne sommes pas face à un faux rythme ou un film artificiellement rythmé. Tom Holkenborg (aussi connu sous le nom de Junkie XL) est de retour pour signer la bande originale de "Furiosa". En 2015, il avait marqué son monde avec sa BO entraînante et sa musique incroyable qu’est "Brothers in Arms". Cette musique était si marquante qu’elle aura des réminiscences dans la BO de ce préquel. Les nouvelles musiques proposées par le compositeur sont moins marquantes, mais tout de même percutantes à la manière d’un Hans Zimmer avec qui il a déjà collaboré. Quand l’action s’emballe, la musique suit parfaitement et prend facilement part à cette dernière. Est-ce que j’étais tellement pris dans le film que je n’ai pas pris le temps d’écouter correctement les musiques ? Seul le temps et d’autres visionnages pourront répondre à cette question.

Aujourd’hui, George Miller a 79 ans et du haut de son âge avancé, il arrive encore à nous montrer ce que doit être un film d’action de grande envergure, avec des personnages intéressants à suivre. À l’instar de Martin Scorsese, Miller prouve encore qu’il a encore des choses à apporter au cinéma. Neuf ans après "Fury Road", le réalisateur n’a rien perdu. Qui dit Mad Max, dit film bourré d’action et ces scènes sont réussies en tout point. Avec son rythme parfaitement maîtrisé, des effets incroyables et des chorégraphies millimétrées. Les scènes de poursuite motorisée sont toujours aussi galvanisantes. On peut ajouter à ça les zooms typiques de la saga vers les personnages en pleine conduite. Un effet qui ne prend pas une ride, je trouve. Je parle d’effets incroyables, mais il faut aussi noter quelques effets numériques parfois visibles malheureusement. Je vous rassure, la majorité du temps, on n’y voit que du feu tant la magie de la balance entre numérique et pratique est réussie. Je pense aussi que le temps alloué durant la post-production n’est pas à sous-estimer. Miller nous offre par moments de jolis mouvements de caméra panoramiques, avec un sens du timing parfait, tout comme la chorégraphie mise en place. À ce sujet, j’ai encore en tête un plan qui ne paie pas de mine, mais que j’adore tout particulièrement. Ce film est un bel exemple de l’art de la mise en scène qu’est le "show, don’t tell" que beaucoup ont oublié ces dernières années dans le domaine du blockbuster.

Voilà mon avis sur "Furiosa : Une saga Mad Max" de George Miller, un grand film à spectacle qui maîtrise parfaitement son genre et qui respecte son public. J’ai beaucoup fait de comparaisons avec "Fury Road", mais force est de constater que le seul "défaut" du film d’aujourd’hui aura été d’être moins surprenant. On en prend quand même plein la vue évidemment, la magie est toujours là, mais la surprise moins. Après, c'est moi qui attendais d'être surpris, ce n'est pas une promesse faite par le film. Avec "Furiosa" et "Fury Road", la saga Mad Max est le parfait exemple pour le renouveau d’une licence. À voir avec le temps, mais pour le moment, ce préquel n’a pas détrôné son prédécesseur pour la première place de la saga dans mon cœur. Sinon, on voit bien qu’un film est faisable avec un personnage quasi totalement mutique, à l’image d’Anya Taylor-Joy et Tom Hardy. De ce fait, j’attends au tournant Nintendo pour leur adaptation de Zelda… Malgré son démarrage raté en salle, j’espère que le bouche-à-oreille va faire son effet, car un film fait avec autant de liberté, de passion, qui ne prend pas le public pour un imbécile et avec un amour sincère pour son univers et ses personnages mérite de fonctionner. Si ce n’est pas le cas, ce serait clairement injuste.