Nous, les Leroy

Mais putain, vous êtes grand ! Faites les grands un moment, comment on est censé faire nous, si vous faites pas les grands !

Résumé :

Pour son premier long-métrage, le jeune réalisateur et scénariste Florent Bernard décide de s’attaquer au thème du divorce au sein d’une famille. Après avoir visionné plusieurs œuvres abordant ce sujet, il constate qu’en général, ce genre de film met de côté le point de vue des enfants. Il souhaite alors que son projet comble cette partie. Une autre de ses ambitions est de créer une comédie douce-amère imprégnée de nostalgie, se démarquant ainsi des autres films du même genre qui oscillent entre comédie pure et drame pure. Pour l’écriture, Bernard s’inspire de son propre vécu. En effet, ses parents se sont séparés alors qu’il avait le même âge que les personnages du film. À l’annonce de cette séparation, son père a très mal pris le fait que le réalisateur et son frère aient dit que "c’était leur problème". Ils n’étaient simplement pas indifférents, mais considéraient les familles séparées comme une réalité banale, répandue parmi leurs amis.

Pour le rôle de la mère, Florent Bernard pensait déjà à Charlotte Gainsbourg, mais l’imagine inaccessible pour son projet. Quand il dit à ses producteurs qu’il faudrait une actrice dans son style, ces derniers étaient en train de produire un documentaire sur Jane Birkin et lui en ont parlé. Elle a aimé le premier jet du scénario et travaillera avec le réalisateur pour peaufiner son personnage. Pour le choix du père, José Garcia sera choisi car, pour le jeune cinéaste, il fait beaucoup penser à Adam Sandler, une personne ayant incarné tellement de personnages loufoques que lorsqu’il atténue légèrement cette "folie", il touche en plein cœur. Pour le choix des enfants, Florent Bernard aura rencontré beaucoup d’adolescents et ce seront Lily Aubry et Hadrien Heaulmé les heureux élus qu’il trouve formidables. Ce film est également l’occasion pour le réalisateur de faire venir des personnes avec qui il travaille depuis des années et dont il est fan, comme Adrien Ménielle, Jérôme Niel, Vincent Tirel ou encore Baptiste Lecaplain.

Le tournage aura lieu dans la région de Florent Bernard, en Bourgogne. L’un des points d’attention pour ce dernier sera de montrer des décors français qui ne figurent pas sur des cartes postales, tels que des Buffalo Grill, des ronds-points, des zones commerciales, etc. Le film sortira le 10 avril 2024 et recevra des critiques positives de la part de la presse et du public. Un consensus se dégage quant à la performance du quatuor du film et certains parlent d’un "Little Miss Sunshine à la française". D’autres reprochent à l’œuvre un humour trop convenu ou la comparent à un téléfilm. Sur AlloCiné, la presse lui attribue la note de 3,3 sur 5 pour 23 critiques, tandis que le public lui accorde 3,5 pour un peu plus de 2000 spectateurs. Il remportera le Grand Prix au "Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez". En salle, le film a pour le moment attiré 483 mille spectateurs. Pour la suite des aventures de Florent Bernard, aucune nouvelle réalisation n’est annoncée pour le moment, mais il sera de retour à l’écriture avec Sébastien Vaniček pour un spin-off de la saga Evil Dead.

Mon avis :

"Nous, les Leroy", c’est l’un des films que j’attendais le plus en 2024. En tant que grand fan du FloodCast et de ses deux co-animateurs (Florent Bernard et Adrien Ménielle), j’ai appris, comme tout le monde, la grande annonce lors d’un épisode. Celle du premier film réalisé par le génial auteur qu’est Florent Bernard, dont j’ai déjà parlé dans mon avis sur "Vermines". Suiveur assidu du podcast, mais aussi de la belle époque de "Golden Moustache" et "Studio Bagel", j’attendais évidemment de découvrir ce projet. Dès le début du film, j’étais très excité à l’idée de le découvrir, j’avais hâte. Je préviens d’avance, vu le genre du film, je vais beaucoup le comparer à d’autres comédies françaises. Est-ce que "Nous, les Leroy" est un bon premier long-métrage pour le jeune réalisateur ? Clairement oui. D’un point de vue visuel, il nous offre (avec Julien Hirsch) quelques plans léchés et parfois un joli travail sur la lumière. Bien sûr, il n’y a pas de quoi se claqué le cul par terre, mais on voit clairement qu’un certain effort dans la mise en scène a été fait, et c’est déjà un gros plus quand on le compare à d’autres comédies plus "industrielles". Habituellement, on nous propose quelque chose de très balisé dans ce domaine et ce genre, donc c’est à noter. Quelques séquences sont d’ailleurs très réussies, comme celle des caddies ou l’introduction, avec le répondeur, pour ne citer qu’elles. Personnellement, quand on me parle de comédie française, j’ai tendance à penser "comédie lourdingue" et parfois "limite en termes d’humour". Quand on voit une énième bande-annonce pour une comédie raciste, on souffle très fort. Connaissant le style d’écriture de Bernard et son humour, je n’avais pas cette appréhension et en effet, niveau humour, le film est aussi une réussite. Oui, on rigole bien devant ce long-métrage, les vannes sont bien envoyées et je trouve le timing comique parfait. Si c’est aussi réussi, c’est à la fois grâce au talent d’écriture du réalisateur/scénariste, mais aussi grâce au casting et au montage de Quentin Eiden. Ce dernier participe grandement au timing comique réussi. On ne rit pas seulement avec ce film, on pleure aussi. Sans grande surprise, votre serviteur a pleuré à la fin, notamment avec ces dernières séquences. J’ai beaucoup aimé le dénouement, mais je n’en dirai pas plus.

Autant le dire tout de suite, je ne suis pas le plus grand fan de Charlotte Gainsbourg et José Garcia. Je n’ai absolument rien contre eux, c’est juste qu’en général je ne suis pas attiré par les films qu’ils font. Typiquement, si ce n’était pas Florent Bernard derrière le projet, je n’aurais probablement jamais vu le film. Pour autant, je les ai tous les deux adorés ici. Ils sont très convaincants dans leurs rôles respectifs et en couple qui se déchire. J’avoue avoir eu une préférence pour Garcia, qui me semble avoir un personnage qui se développe plus au fil du récit. C’est celui qui évolue le plus. Malgré son côté colérique, parfois pathétique et maladroit, il reste attachant dans sa démarche. Dans la distribution, nous faisons la découverte de deux jeunes acteur·rices, Lily Aubry et Hadrien Heaulmé. Tous deux sont parfaits pour ces personnages, ils sont très bons et touchants. J’ai hâte de les voir dans d’autres œuvres. Ils jouent les deux personnages pour lesquels j’avais le plus d’enthousiasme à suivre de par leurs interprètes et leurs histoires. Je vois très bien Florent Bernard faire un film à la "Booksmart", "SuperGrave", "Juno", etc. Globalement, c’est un plaisir de suivre cette famille hermétique aux sentiments (surtout la tristesse) et pudique (quand ils le veulent bien sûr, cf : le bus). Quand ils s’ouvrent, là, c’est beau et touchant, sans rentrer dans le pathos. Le film comporte pas mal de caméos d’ami·es acteur·rices de Florent Bernard et si vous aviez peur d’une certaine overdose, n’ayez crainte, c’est fait avec parcimonie. D’ailleurs, pour les personnes qui ne les connaissent pas, ce ne sera même pas des invités tant ils s’incluent parfaitement dans le récit. Comme l’a judicieusement remarqué ma binôme, nous ne sommes pas devant un film de Lacheau où l’on va voir tout l’entourage du réalisateur pendant 1h40. Ici, les "cameos" ne sont pas omniprésents, ils ne polluent pas le film. Bernard a simplement invité ses potes pour une poignée de scènes et il est même difficile de parler de caméo dans "Nous, les Leroy". On est très loin d’un film Astérix, qui ne compte que sur ce stratagème pour marcher. Par contre, je peux dire sans sourciller qu’Adrien Ménielle est le meilleur ! Donnez-lui plus de rôles, bon sang ! C’est con, mais j’ai pleuré de rire lors de la séquence du micro. Un petit mot pour la composition musicale d’Alexis Rault et Théo Bernard. Ce n’est pas la grande force du film, mais les quelques musiques originales sont sympathiques, tout comme les chansons choisies. Petit coup de cœur pour la chanson avec Maxence, très réussie !

Comme on pouvait s’y attendre, la grande force de "Nous, les Leroy" réside dans l’écriture de Florent Bernard, avec un point d’attention particulier porté sur les personnages et les dialogues. Pour faire progresser son histoire et ses protagonistes, l’auteur n’a même pas besoin d’intégrer un méchant dans le récit. Je pense même qu’en ajouter un aurait été au péril de l’histoire racontée. Le père de famille, Christophe, est digne d’un Christophe au niveau émotionnel (ma binôme et moi savons de quoi on parle). Je ne sais pas si les prénoms définissent la personnalité, mais en voyant ce film, on pourrait le croire. On comprend sans difficulté le point de vue et les tracas de chaque personnage, qu’ils soient adultes ou adolescents. Au passage, j’ai bien aimé l’intrigue concernant Loreleï et j’ai adoré ce qui a été fait avec elle. Concernant les dialogues, ils sont clairement l’une des forces du long-métrage. Ils sont très bien écrits, semblent naturels et spontanés, ce qui renforce notre attachement à l’histoire vécue par les personnages. Je suis très heureux que l’on ne soit pas face à une comédie qui utilise des blagues faciles pour humilier gratuitement des personnes, comme dans d’autres comédies horripilantes. Le film va sûrement être qualifié de "woke" (c’est la mode…), car il évite les blagues douteuses, mais au moins, il prouve qu’on peut continuer à rire sans être blessant. Un autre aspect appréciable est que cette comédie ne prend pas de haut les jeunes ou ne les infantilise pas. Elle prend même le temps d’écouter ses jeunes sans les juger avec un ton paternaliste. C’est un peu le piège d’autres comédies grand public, qui ont parfois un discours arriéré à ce sujet. Ici, nous sommes épargnés. Globalement, cela peut sembler banal, mais tout ce qui touche à l’écriture sonne juste et j’ai adoré ça. Sinon, j’ai beau me creuser la tête, je ne vois rien de négatif à dire sur le film. Il ne sera pas le film de l’année (je ne pense pas qu’il en ait la prétention), mais au moins, il tient sa promesse. Être une comédie sur la famille, touchante, remplie de nostalgie, qui va vous faire rire et parfois pleurer. Que demander de plus finalement ?

Voilà mon avis sur "Nous, les Leroy" de Florent Bernard et c’est un très bon début en tant que réalisateur ! On avait déjà aperçu son talent d’écriture avec Sébastien Vaniček sur "Vermines" ou encore "La Flamme", "Bloqués", "M.S.T.", etc. Avec un tel talent pour l’écriture, je ne peux qu’être impatient de découvrir ce qu’ils vont faire avec Vaniček sur le spin-off d’Evil Dead qui leur a été confié. Je croise les doigts pour que ce projet aboutisse. La seule question que je me pose à propos du film d’aujourd’hui, c’est : sera-t-il facilement regardable dans quelques mois/années ? La magie du premier visionnage ne va-t-elle pas se dissiper ? Nous verrons bien. En attendant, même si le réalisateur n’aime pas cela, je vais attribuer une note (100% scientifique bien sûr) au film. En tout cas, je suis très heureux qu’une nouvelle génération prometteuse de cinéastes arrive enfin, avec des projets rafraîchissants. Je n’ai qu’une hâte : une nouvelle réalisation de FloBer.

(Rédigé le 30/04/2024)

Notes :

  • Réalisation : 3/5
  • Casting : 4/5
  • Son : 3/5
  • Écriture : 4/5

Points positif et négatif :

Positif Négatif
L’écriture de Florent Bernard
Les personnages attachants
L’humour réussi

Note finale

Note finale du film : 4/5